< Ma mère est humoriste, éditions LaureLi/Léo Scheer, 2011 >

A travers l'analyse du rapport entre mère et fille, Carla Demierre reconstruit le monde, c'est-à-dire redéfinit les mots, apprend à parler sa langue. Dans un exercice de gigogne où la fille de la mère finit toujours mère de sa fille, elle interroge les généalogies sur de vieilles photos, se souvient de pénibles séances de gymnastique, envisage la psychanalyse comme remplacement des vacances en famille, troue le réel au stylo effaceur, finit - en écoutant Glenn Gould - par devenir Glenn Gould.

«Tout commence comme dans un feuilleté. Pas de meilleure idée pour aborder ce texte de Carla Demierre que cette image. Au commencement était le verbe, est-on tenté de citer, mécaniquement. Mais l'auteur nous renvoie à un autre commencement, charnel mais tout aussi symbolique: la mère. Feuilleté de langue et de corps, ainsi se donne à lire ce livre étrange, qui déconcerte et attache. La dimension humoristique y est pour quelque chose, là aussi annoncée dès le titre. Jouant sur le sourire plus que sur la vraie rigolade, l'humour revendiqué marque l'ironie, la distance devant ce sujet difficile des relations mère-fille. […] Ce n'est pas un raisonnement qu'elle nous propose mais une série de tableaux issus de ce feuilleté sensible. On y lit cet autoportrait ironique d'une fille dont la mère est le miroir, un miroir qui ne sera jamais assez déformant.»  Alain Nicolas, L'Humanité.

«Ma mère est humoriste peut sonner a priori comme une réplique à laquelle on rétorquerait tout de go et de manière un peu crétine : Ah bon et votre père il fait quoi, trapéziste ? Ne jamais se fier à la première impression, surtout avec Carla Demierre. Passé le lapin suspendu par les oreilles sur la couverture du livre, on entre dans un univers déroutant où l’on comprend assez vite que l’on ne va pas s’en sortir comme ça et qu’en matière de lapins, CD (on va l’appeler CD désormais, même si ça sonne Compact Disc pour les uns ou Christian Dior pour les autres) est une experte pour les retourner comme des gants Mapa, voire carrément les éviscérer. Attention rien de gore dans le contenu (encore que), mais une manière de faire péter les coutures dans la forme qui rappelle l’esprit avant-gardiste d’une Gertrude Stein is a Stein is a Stein, une façon de déranger/réarranger autant le sens, la syntaxe, que les phrases toutes faites et les idées toutes prêtes, bref un besoin d’essorer la langue pour qu’elle sorte tout son jus.» Fabienne Radi, Daté.
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