< L'école de la forêt, éditions José Corti, 2023 >

Une cabane au milieu de la forêt. Un enregistreur, un cahier, une boîte de craies, un bandana violet. Deux sœurs, Arole et Bleuet, viennent de quitter la maison. Elles ont grandi dans une communauté. Petite école et grande famille guidées par une poignée d’hommes. Dans cette maison, on apprend à devenir la « meilleure version de soi-même » en se détachant de ses émotions ou en construisant des murs. Comme la plupart des filles de la maison, les soeurs font partie des mauvaises élèves. Elles imitent les guides sans jamais parvenir au même degré de maîtrise et ont bien souvent le sentiment d’être stupides. Au lieu d’écouter les leçons, elles se mettent à tout enregistrer, sermons, repas, promenades. Dans la cabane au fond des bois, elles mènent de longues séances d’écoute. Ça ressemble à une enquête dont le but serait, pour commencer, de mettre les pièces de leur histoire dans un ordre qui la rende intelligible.

« À mi-chemin entre utopie et dystopie, parsemé de quelques dates et références à la topographie suisse mais en grande partie hors du monde, L'école de la forêt est un conte ironique et grinçant qui donne à voir la tentative de deux jeunes filles pour se réapproprier leur existence en milieu hostile, rassembler ensemble leurs expériences et résister à une société qui s'évertue à leur dicter comment penser et comment vivre. » Lénaïg Cariou, Diacritik.

« La force du premier roman de Carla Demierre est de nous proposer [l'histoire d'Arole et Bleuet] en train de se rendre intelligible. Les échos, les thèmes récurrents construisent, en deçà des péripéties, une architecture sensible qui fait de cette fascinante forêt romanesque une école de la lecture. » Alain Nicolas, L'Humanité.

« Cartographie d'un univers mental sous influence (celle "d'une doctrine bornée, misogyne et souvent délirante"), le récit fait ainsi de constants allers-retours entre la situation présente (la cabane) et le passé plus ou moins proche des filles. On se dit, en suivant le cheminement d'émancipation aussi physique que psychologique de ce tandem attachant, que cette remémoration active est la condition préalable d'un nouveau départ. [...] Dans ce roman où la poésie parfois affleure, se dit donc la nécessité vitale d'être soi coûte que coûte et quoi qu'il en coûte. "La cabane est petite mais agréable..." Ainsi commence l'exergue du livre, signé Richard Brautigan. Petite, oui, peut-être, mais grande l'expérience de libération qui s'y joue. » Anthony Dufraisse, Le Matricule des anges.
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